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lundi 31 juillet 2017

Jérémie...and friends

 Quand j'ai vu passer l'info concernant ce livre il y a quelques mois, j'ai passé mon tour, estimant que j'avais trop de livres, que je dépensais trop...Puis un certain Philippe Poirier a insisté (sur FB) alors j'ai hésité, et dernièrement encore un autre Philippe (Fadde, auteur de l’indispensable livre sur Jean Frisano) a également insisté, cette fois, dans les com de ce blog, sous cette entrée, alors j'ai craqué
Et bon sang que j'ai bien fait!
C'est une merveille, qui reprend 160 pages (donc tout) du travail de l'immense Paul Gillon pour Pif Gadget, entre 1968 et 73
Il y a eu des versions couleurs
 Cette fois c'est en bleu que cela sort. Initialement surpris par cette idée, je me suis souvenu que l'impression sepia du chef d’œuvre de Will Eisner, A Contract with God, était une idée brillante
L'oeil s'habitue tellement que, pour ma part, j'ai lu du noir et blanc
Les récitatifs ne font pas "old school", il sont parfaits et laissent le regard se perdre dans la beauté des dessins
On pense bien sur à l'approche narrative de Hal Foster et, plus encore, au trait d'Alex Raymond, mais Gillon a son style a lui, affiné sur sur cette série

  Gillon était un virtuose absolu. Ses décors sont somptueux, la gestuelle des personnages, le choix des angles de vue, la vie qui fourmille, l'encrage de fou au pinceau (qui permet en grande partie la vie précitée), tout est beau
Il travaillait au format grand aigle il me semble (75/106) ce qui permettait des geste amples, un trait aérien, qui reste à la repro (même si un livre encore plus grand aurait été encore mieux)
Un peu de "vrai noir et blanc" pour le plaisir
 
 Le travail d'édition de AAAPOUM  est excellent, avec un bon choix de papier, de couv, biseautage original des angles...et en bonus de bons commentaires et des repros de bouts de planches originales qui semblent être au format d'origine

Foncez sur leur site, ici, pour le cas où il reste des exemplaires de cette intégrale, pas chère et limitée à 500 ex
Je ne sais plus quel site ou blog mettait en ligne des comparaisons n et b/couleur, mais j'en avais pris quelques exemples, qui vous donnent un bon aperçu du niveau du Maestro

 
 
 
 Je ne nierais pas l'aspect promo évident de ce qui vient maintenant, mais à la lecture de ce bel ouvrage j'ai pensé à celui ci, sorti chez BW et toujours dispo, que j'ai aidé à faire venir en France : un autre géant, une autre série méconnue, une autre intégrale exclusive, un tirage limité, un trait magique, du noir et blanc...un rapprochement évident
 
 

vendredi 28 juillet 2017

Bat Cases

 Je suis dans mon projet de bouquin sur le "storytelling vu par Romita jr" jusqu'au cou. J'en montrerai des bouts plus tard mais là j'ai trouvé "amusant" de constater à quel point des scénaristes ont perdu un certain bon sens en chargeant à outrance les pages de textes. Depuis que la mode est au "full script" on dirait qu'ils sont payés au mot!
Regardez cette case. JRjr a laissé un petit peu d'espace pour du texte (et encore, à condition que le machin ailé en fond ne soit pas important dans l'histoire) et Snyder nous balance 5 bulles pleines de texte!
Je suis peut être un peu extrémiste (quoi que) en disant, reprenant Eisner, qu'il ne faudrait qu'une bulle par perso et par case, mais là quand même, c'est excessif, on dirait presque du Bendis
 C'est mieux sur cette silhouette de Wonder Woman
 
Idem ici, quelle idée de charger autant une case déjà bien saturée au crayon et encore plus à l'encrage

J'associe ce trop plein à l'influence (mauvaise) du cinéma : déjà que les films "obligent" les comics à être "réalistes" avec les costumes qui deviennent des armures...mais la surenchère indigeste d'effets spéciaux sur grand écran semble influencer des maisons comme DC ou Marvel qui veulent un trait de crayon plein de détails+un encrage à l'avenant+une colo qui en fait des caisses...S'y on ajoute les tartines de texte, le tout sur un format comics, donc petit, ça commence à faire beaucoup en terme d'illisibilité potentielle

mercredi 26 juillet 2017

La couleur du Diable

Semaine DD/ Miller/Janson?
 Encore une abomination trouvée sur le net : un collectionneur a fait (quand? je l'ignore) mettre en couleur cette page, que j'admirais dans Strange, gamin! Il a fait coloriser SUR L'ORIGINAL!!!
Non que l'approche du précurseur de la colo sur ordi soit mauvaise, même si je garde une préférence pour la 1ère, mais pourquoi Steve Oliff accepte-t-il de détruire une planche originale de la sorte? 
La planche cesse d'exister sous sa vraie forme, et si par malchance il n' y a pas eu de scan haute résolution avant cette hérésie, on ne pourra jamais la voir dans des ouvrages comme les Artist' s Edition!
 Pour se consoler, voici un exemple inverse, tiré de cet épisode
 Inverse, parce que de bon goût. Miller et Janson faisaient cerveau commun sur une grande partie du run, et sur des pages que Janson met également en couleur on voit qu'il sait où Miller va, en terme de lumière et d'ambiance, et il va dans le même sens. 
J'aime ce genre de "color hold" sur l'ombre de DD (mise en couleur sans le cerné noir)
 
On termine, à nouveau, avec de la cabriole haute def, et en noir et blanc

lundi 24 juillet 2017

Daredevil, Miller, Klaus... et les yeux

 Attention spoiler : Daredevil est aveugle! Si!
La cécité n'a pas toujours été traitée avec du pathos, comme ci dessus
Rappelons nous, le bref (mais trop long) passage de Lee/Colan et le "frère jumeau" de Matt, voyant : Mike
 Je fais là un focus sur...les yeux vus par la Golden Team de DD, Miller/ Janson
Un perso aveugle mais une attention extrême accordée au regard par les artistes
L'intensité, les jeux de regards furent souvent au cœur des préoccupations de l'équipe, même si c'était moins évident au premier...regard, que les acrobaties du diable rouge
Tous les perso furent concernés, 
comme Ben (avec, en "bonus" le regard d'un mort)
 
 Souvenir indélébile que cette Elektra aux grands yeux, presque manga, sauvant Foggy d'une phrase et avec un autre regard, chargé de pleins de sentiments
 Intelligemment, Miller (au trait magnifié par Janson) ne cherchait pas à reproduire un certain type de "regard type" d'aveugle; Il jouait suffisamment pour cela avec les attitudes, la gestuelle (une entrée à venir?) Le regard véhiculait une émotion certaine, sans que les yeux nous fixent réellement
 Même en trois traits et avec le masque, le regard reste expressif
 Idem, l’œil du caïd en plus
 Ado, le traitement graphique appliqué par Miller et Janson aux gros plans de regards me fascinait (et toujours aujourd'hui d'ailleurs) Une volonté de réalisme mais qui reste crédible en tant que comics, sans lien photographique outrancier
La définition, en dessin, du miroir de l'âme

le Punisher
  Bullseye/Le Tireur avec une case (la 2nde) réutilisée, d'une profondeur incroyable

 J'aimerais faire une entrée conséquent, un jour, sur la cécité dans ce titre, mais la tâche est grande
Peut être plus tard, en plusieurs fois
A...voir

vendredi 21 juillet 2017

Uderzo! Mais lequel?

 J'ai acheté ce album en version luxe parce que je suis fan du trait d'Albert Uderzo, mais aussi parce que celui ci fut à la fois le dernier de Goscinny et mon premier à moi
 Le livre présente l'album couleur en grand format, 30 pages de rédactionnel et de documents, et ce qui motiva mon achat : l'album en fac similé de planches , noir et blanc donc. Superbe (moins 3 pages tirées des films car non accès aux planches) les contrastes sont un peu touchés semble-t-il, ce qui est regrettable car on n'aperçoit moins les traits d'encre mais quand même c'est un délice
 
 Tout est bon : dessin, encrage et lettrage
 Quand Goscinny est mort tout le scénario était terminé, mais il restait quelques planches à dessiner (on imagine la torture que fut pour Uderzo, en plus d'un conflit avec Dargaud) Il a  placé en dernière case un petit lapin qui pleure
 
 Dans les doc il y a ce bel hommage à son ami, paru pour les 25 ans de sa disparition
 Je ne suis pas fana des ragopts, racontars, , règlements de compte internes, mais quand même ces infos me perturbent; Il est de notoriété publique que le frère cadet d'Albert Uderzo, Marcel, l'a aidé sur l'encrage et le lettrage de certains Asterix; Il n'en fut jamais fait mention dans les livres (contrairement aux encreurs que Uderzo eut, plus tard) Soit
mais quand même, ce qu'écrit , il y a quelques années (2014) Marcel, est étonnant
Copié/collé d'un forum BD :

[...]Dites-nous donc Mr Uderzo quelle était l'ampleur de votre participation aux albums de votre frère, on en dit tout et n'importe quoi ?[...]

MU : [...]Pour répondre à votre question, après avoir travaillé 20 ans dans l'atelier familial comme luthier avec mon père (confection de guitares), il arriva le jour où il voulu prendre sa retraite, c'est là que j'ai formulé le désir de travailler avec mon frère. Tout en travaillant à mi-temps avec mon père, j'ai dû m'entrainer durant un an chez moi, sans être rémunéré, pour acquérir les techniques exigées et une bonne pratique afin de le seconder.

Une fois prêt, j'ai travaillé sur "Tanguy et L'Averdure" en traçant trois albums, tout en oeuvrant sur quelques planches d'Astérix, mais le petit Gaulois prenant de plus en plus d'importance auprès du public, Albert m'a alors demandé de m'y consacrer exclusivement en traçant à l'encre sur ses dessins. J'ai réalisé également les couleurs ainsi que tous les droits dérivés en créant entièrement des visuels adaptés pour ça (petits livres, papiers peints, verre à moutarde etc).
Pour résumer, j'ai donc commencé en 1965 sur "Astérix et Cléopatre" jusqu'à l'album "Les lauriers de César", petite interruption de deux ans (de 1972 à 1974) j'ai repris avec "La grande Traversée" et mon dernier album était "Astérix chez les Belges", dont la dernière page se termine par un banquet final (façon tableau de Bruegel) que j'ai entièrement réalisé seul chez moi en une journée. Ce qui me fait, je pense, un total de 16 albums d'Astérix. D'ailleurs, grâce à ma participation, ont voit nettement que Dargaud sortait deux albums par an au lieu d'un seul comme au début.
Ensuite, après avoir supporté maints "misères" de mon aîné, j'ai voulu faire cavalier seul. C'est cette indépendance soudaine que mon frère n'a pas supportée et ne m'a jamais pardonnée. Depuis, nous ne nous voyons plus, mais nous nous saluons aux enterrements familiaux.

Petite confirmation au sujet de la planche 35 de l'album Astérix le gaulois, elle s'était bien "perdue" (peut-être pas pour tout le monde) et c'est Goscinny qui m'a demandé de la redessiner puis de la tracer car l'imprimeur se servait d'une page imprimée et, à la longue, elle sortait légèrement floue. On s'en aperçoit au lettrage qui est plus gros, par la suite il a été rectifié pour plus d'unité.[...]

[...]J'ignorais totalement que vous étiez l'artisan du tableau façon Bruegel d'Astérix chez les Belges, jamais je n'ai lu ni entendu votre frère rendre hommage à votre collaboration et votre talent aussi précisemment, on n'avait juste l'impression que vous faisiez le lettrage.[...]

MU : [...]Votre étonnement sur le sujet est bien naturel puisque, en accord avec son scénariste, mon frère ne parlait jamais de moi, ni à l'époque où, par mon travail je participais à la sortie de deux albums par an, encore moins maintenant. C'est vrai que je réalisais aussi le lettrage qui complétait l'encrage des dessins suivit ensuite des inévitables couleurs, cela faisait partie de mon travail. Depuis, plusieurs avocats m'ont suggéré que c'est probablement la peur que je leur demande des droits d'auteurs qu'on me planquait dans les placards, alors qu'à l'époque je ne pensais vraiment pas à ça, je voulais juste apprendre mon nouveau métier et faire au mieux. Je me serais seulement contenté d'être reconnu par ces deux auteurs que j'admirais pour leur talent.[...]

[...]Vous êtes un peu le Jidehem d' Albert. Votre cas est encore plus sévère car on semble vous effacez de cette histoire. [...]

MU : [...]Je ne sais pas exactement comment s'articulait la collaboration entre Jidehem et Franquin, mais je pense que la comparaison entre les deux situations n'est pas si mauvaise.

Au sujet des ventes des planches d'Astérix, non, je n'ai aucun pourcentage sur elles!… Bien qu'ayant encré plusieurs centaines de planches, jamais mon frère ne m'en a offert, pas une seule planche. D'autres ont eu plus de chance que moi.

Bien à vous,
Marcel Uderzo[...
]


Qu'il ait raison, ou pas, cet état des lieux, et des relations, me semble bien triste
Voici la scène évoquée par Marcel Uderzo dans Asterix chez les belges

 Au final, en dehors d'un conflit regrettable, que ce soit de la main de Marcel ou d'Albert les planches sont magnifiques et cet album reste, pour moi, une superbe, et très drôle, madeleine