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lundi 3 avril 2017

Nam Bok

 Ce livre sort cette semaine
Autant commencer par un bémol : ce n'est pas mon travail favori de Thierry Martin, au dessin. J'insiste sur le mot dessin. Pas l'histoire, ni la narration. Le dessin pur. La "faute" à un choix, assumé et respectable, celui dont nous reparlerons, de la simplification (apparente)
Je suis fan de" la truculence de son trait, et ce livre ne se prêtait pas à cette truculence
Passé un petit effet de surprise, que penser de cet album?

Tout est dit sur la 4ème de couv ci dessus, concernant le pitch
Cette nouvelle de Jack London, Nam Bok le Hâbleur, a plus de 100 ans et il est impossible de le deviner tant son message et non seulement intemporel, mais terriblement d'actualité
Progrès, société de consommation, (sur)information, retour aux sources, trahison, filiation, rejet...tout ceci est dans ce livre à l'épure absolue, mais souvent en filigrane. Une aridité apparente, trompeuse

On se dit qu'on imagine bien ce genre de récit dépouillé, ce huis clos en plein en nature, dessiné par Caniff, Sickles, Pratt ou...Alex Toth. Toth présent dans mon esprit tout au long de l'histoire, avec son mot d'ordre : less is more!
Thierry a enlevé tout ce qui ne servait pas l'histoire, tant au dessin qu'en terme de découpage. Et pourtant il prend son temps, les silences sont aussi importants, voire plus, que les textes
Une épure graphique plus marquée que sur ses autres travaux, dictée par un texte de London que l'on imagine du même acabit
Voici la couv et sa version noir et blanc, piquée sur son blog

 3 pages dans les deux versions. Merci à lui de me les avoir passées
La travail au pinceau est très beau, en retenue. Il pourrait se suffire à lui même mais la mise en couleur apporte un plus indéniable, tout en restant dans cette sobriété choisie
 98 pages pour une histoire très courte, aux idées importantes, inversement proportionnelles à l'apparente simplicité 
Un cadre imposé, au niveau découpage : pas plus de 6 cases par planche. Les pleines pages sont magnifiques (et il vous faudra acheter le livre pour les voir)


 Très belle ambiance, presque saturée en noir et blanc, estompée juste ce qu'il faut à la couleur

 L'envie de lire la nouvelle est déjà un signe de réussite de l'adaptation
Thierry a travaillé longtemps, mais pas en continu, sur cette histoire. Preuve que faire simple est difficile. A la lecture, ce temps long n'est pas décelable. Preuve du talent
Un conseil de lecture (d'experience) : mettez vous dehors, au soleil (bière facultative) et lisez doucement, prenez votre temps. Une fois le livre refermé, réfléchissez aux messages simples, mais essentiels

9 commentaires:

Thierry Martin a dit…

"Autant commencer par un bémol", toi tu essayes de me faire rentrer dans un cadre, laisse tomber c'est mort :)

Philippe Cordier a dit…

hé hé
mais la surprise, de cette épure, est aussi une bonne chose

Inclassable Thierry

Laurent SIEURAC a dit…

Lu hier soir.
Fort sympathique même si j'aurais aimé en avoir plus ;)

C'est rigolo, je suis en train de faire bosser à mes élèves une petite BD d'après la nouvelle "le Dragon" de Ray Bradbury où l'on retrouve grosso modo la même scène avec le train/monstre/dragon. N'ayant pas lu la nouvelle de Jack London, je ne sais pas du coup si la scène est telle qu'elle dans le livre. Une inspiration pour Badbury ?

Thierry Martin a dit…

Je ne pouvais en faire plus, la nouvelle est courte ;)

Non la scène est décrite comme la présente Nam-bok, ensuite pour ma part j'ai voulu être le plus "abstrait" possible pour cette séquence.

Philippe Cordier a dit…

probablement l'une des scènes que préfère
Je peux l'interpréter à ma sauce mais j'ai dit à ma grande fille qu'on voyait cette scène en tant que lecteur (les rails) puis à la place de Nam-Bok (l'oeil/lumière puis à la place des auditeurs qui imaginent (le monstre)
Elle a trouvé le livre bien sympa, comme sa mère (la pitite est loin de pouvoir le lire elle dit qu'elle a trop de livres à lire avant, dont Harry Potter-impossible de rivaliser)

Laurent SIEURAC a dit…

Thierry, j'imagine bien que la nouvelle est courte et elle est largement suffisante pour le propos. En fait, j'ai trouvé son "exclusion" très rapide mais c'est parfaitement logique...juste que j'aurais aimé que justement cette perturbation, les interrogations de la tribu et son incompréhension dure plus ;)

Pour la séquence du train, je l'ai vraiment trouvé très chouette d'autant que je m'étais amusé à l'époque de ma lecture de la nouvelle de Bradbury de rendre la rencontre entre les chevaliers et le train en effet abstrait même si dans ce cas là, il fallait ensuite faire apparaitre un vrai train. Du coup, plus jouer avec une certaine ambiance.
J'avais fait un petit board de cette nouvelle que je n'ai toujours pas pris le temps de finaliser d'ailleurs....
(http://laurentsieurac.blogspot.fr/search/label/ray%20Bradbury)

Philippe Cordier a dit…

il est bien cool, et efficace ton storyboard
l'imagination fait le reste

Thierry Martin a dit…

La tribu va rester avec ses interrogations et sera condamné à disparaitre, mais ça c'est une autre histoire. :)

Laurent SIEURAC a dit…

Yep ! c'était l'une de mes conclusion....la plus pessimiste ceci dit mais pas la plus irréaliste.

thks Phil ! Dés que je passe à la journée de 30 h je la finalise cette petite histoire ;)