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lundi 11 janvier 2016

Versatile Howard Chaykin

 J'ai découvert Howard Chaykin, en tant que dessinateur, bien tard, vers 91 lorsque Semic a publié la vf de son GN scénarisé par Archie Goodwin. J'ignorais que ce travail de commande était l'un des plus faibles scenar du grand Goodwin et l'une des pires prestations de Chaykin

 Si ce de type de mise en couleur représente aujourd'hui presque tout ce que je n'aime pas, à l'époque j'avais eu une sorte de fascination pour ce rendu clinquant
 Le dessin de Chaykin est, globalement, celui d'un brillant escroc. Escroc car il a peu de types de personnages, les postures sont raides, se retrouvent toutes d'un livre à l'autre... bref il est limité en dessin pur. Mais brillant car quand il le veut il est d'une inventivité folle, et sait jouer de mises en pages étonnantes. Peu, voire pas, sur ce livre là dont les planches semblent très vides avant mise en couleur
 Ce dessin, sur la même période, m'avait bien accroché
 J'ai voulu, bien plus tard, voir ce que donnait Chaykin sur du super héros, et ce n'est pas souvent concluant, graphiquement. Il utilise beaucoup photoshop, ce qui n'est nullement un souci de principe, mais par moment les faiblesses de dessins ressortent quand la couleur ne les couvre pas. Il est malin et s'entoure toujours de coloristes "frimeurs" qui vont dans le sens qu'il souhaite
 C'est parfois presque horrible
 Son Hawkman ne m'avait pas convaincu non plus aux dessins
 Un peu mieux sur du héros vintage, son style se prêtant plus à du rétro
 J'avais par contre apprécié son approche de Batman, d'autant plus que l'histoire était sympa (quand il le veut Chaykin est un brillant scénariste)
 Il dessine depuis plus de 40 ans. Malgré une longue parenthèse pour bosser à la tv il a donc dessiné des milliers de pages et de séries. Ca m'amusait de voir ce que donnaient ses débuts, avec ou sans l'équipe du Crusty Bunker (Neal Adams et ses assistants)
Méconnaissable sous le pinceau de Joe Sinnott...
ou l'encrage de Dick Giordano (une page du très bon Human Target)
 Que dire du rendu 100% Ernie Chan?!
 Il apparait un peu plus sous le trait d'encre cassant de Terry Austin
 Seul au dessin, son encrage était surprenant, mais il était jeune et tentait probablement de ne pas trop se distinguer du rendu du grand maitre à côté de qui ces planches de guerre allaient paraitre : Joe Kubert
 Sa grande série, son grand œuvre, c'est American Flagg. Scénario et dessin. Une série complexe (trop?), profonde, mais que je n'ai lu que partiellement donc dur de donner un avis. Son travail au dessin était en tout cas des années lumière au dessus de GN Fury/Wolverine
 Deuxième grande œuvre, Black Kiss. Sulfureux, pour adultes avertis. Jubilatoire et drôle en plus de l’érotisme, avec pas mal de provoc, comme souvent chez lui
 Sa suite récente était plus convenue mais je mets cette image, prouvant par l’exemple ce qu'il aime et recherche à la couleur, c'est à dire un maximum d'effets et de textures
 Je n'ai jamais lu son Shadow qui me semblait pourtant pas mal du tout
 Ayant été déçu par son approche du super héros récente, sur (encore) du Wolverine et du Blade j'ai voulu tenter son retour à de l'indé. Très récente série sur scénario de Matt Fraction, Satellite Sam
 
 Rarement comics ne me sera autant tombé des mains. Probablement qu'une lecture en compil gagne en intérêt mais sur du mensuel ce fut l'horreur, avec une intrigue qui, à ma yeux, n’avançait pas, et des dessins répétitifs, blindés de copies et d'effets 'toshop. le problème majeurs était la difficulté à différencier les personnages. J'ai vite laissé tomber
 Je termine ce tour d’horizon, bien loin de l'exhaustivité, par Chaykin scénariste
Il est responsable de l'un des plus beaux boulot de JL Garcia Lopez, sous l'enrobage d’une histoire que j'ai trouvé totalement imbuvable (Twilight)
 Il nous a donné l'occasion de lire de l'excellent Batman Black and White, par le génial Jordi Bernet
 Surtout, l’homme qui m'a permis de lire mon livre fétiche de Mignola, Fafhrd and the Grey Mouser (qu'il a aussi dessiné dans sa jeunesse) ne peut pas être mauvais
Chaykin est inclassable, malin, provoc, feignant puis bourreau de travail, libre, mainstream, indé...un artiste dont on ne peut pas tout aimer mais qui est à surveiller, régulièrement
Sans compter qu'il aide actuellement un certain John Romita jr sur l'histoire de son creator owned book à venir, et pour ça...vive Chaykin!

5 commentaires:

Philippe Cordier a dit…

Je suis d'accord avec tout ce que tu dis, j'ai ce même sentiment d'attirance/déception
mais je reste étonné qu'en effet sa recherche d'aller (parfois) à l'essentiel ne colle pas avec celle du coloriste qui, à sa demande ou avec son aide, en fait des tonnes

Raph a dit…

je suis d'accord aussi avec Lionel (et c'est marrant de retrouver ce type de sentiment identique) quelque chose m'attire chez Chaykin et puis ... c'est la déception. Son récent Satellite Sam en est le parfait exemple. il y a quelque chose d'intéressant mais une utilisation abusive (et non maitrisé de Photoshop) gâche le tout, car là pas de couleur pour rattraper.

Philippe Cordier a dit…

Il y a aussi pas mal de provoc Je me souviens qu'à la sortie du génial Fafhrd avec Mignola il disait qu'il arrêtait le dessin, entre autres parce qu'il ne pouvait pas entrer en compétition avec un talent comme celui de Mignola

Quant à Satellite Sam oui au premier regard la trame est sympa mais tu vois vite qu'il copie sous photoshop vraiment beaucoup de décors, et que les perso sont indifférenciables

Vinc a dit…

On pense tous la même chose donc !!
Il y a l'attirance du travail d'un authentique passionné et aussi du mythe créé autour de son travail.
Je me souvient que dans les années 80, on parlait de son retour (Phil, tu pourras peut-être nous donner une date ?) comme d'un apport de qualité pour l'industrie du comics !! Un peu à la manière de l'arrivée de Williamson en tant qu'encreur !!
Enfin, il y a le meilleur comme le pire, mais toujours avec un travail en marge.
Aujourd'hui, avec les productions images et comparses, il n'est plus le troublion de service, mais il a toujours ce style impénétrable et oh combien fascinant.

Philippe Cordier a dit…

je ne sais pas si on peut parler de retour mais American Flagg a déboulé en 83 et ce fut une mini révolution, avec sujet mature...
Il a ouvert le chemin pour Watchmen and Co
J'aime son franc parler : quand , il y a 2 ans, un gars l'a contacté pour lui demander ce qu'il pensait du fait que la plateforme de mise en, ligne de comics Comixology refusait de "vendre" Black Kiss, il a répondu
“Are they blogging shitheads with opinions? If so, I couldn’t care less. If not, I still don’t really give a shit, since this is the first time I’m hearing of this.”